Les mille et une couleurs de l’Inde

Évasion gourmande : découvrez les saveurs éclatées et festives de ce pays d'Asie. 

Les mille et une couleurs de l’Inde
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par Jadrino Huot Mis à jour le 23 oct 2017

En Inde, le Festival Holi met en valeur des plats et boissons tout à fait enivrants qui ont charmé notre journaliste. Récit d’un séjour haut en couleur et en saveurs.

Ma barque flotte doucement sur le lac Pichola. Bien abrité sous un auvent, je peux enfin zieuter à satiété les multiples palais côtoyant ce bassin planté au cœur de la ville d’Udaipur. Sur la rive orientale, le City Palace domine l’horizon avec ses blocs massifs finement sculptés. Plus petit, le Jag Mandir n’en est pas moins impressionnant, car érigé sur un îlot gardé par d’immenses éléphants en pierre. Mon préféré demeure toutefois le Jag Niwas avec ses murs en marbre blanc, devenu le célèbre Lake Palace Hotel.

De retour sur la rive, je suis soudainement tiré de mes rêveries par des grognements bruyants. Je réalise que je n’ai quasi rien gobé de la journée. Heureusement, en Inde, chaque bout de rue possède son étal où trônent des samossas à profusion. Ces beignets frits triangulaires farcis de légumes et épicés de piments, de coriandre et de curcuma feront l’affaire, tout comme ce lassi à la mangue, cette boisson ressemblant à du yogourt liquide.

… le réceptionniste me lance une poudre rosée au visage et une phrase en hindi : « Bura na mano, Holî hai! » (Ne soyez pas fâché, c’est la Holi!).

Tout feu, tout flamme!

Repu, j’emprunte un rickshaw, genre de tricycle-taxi à moteur. Ma coquille d’œuf roulante zigzague à toute vitesse dans les rues étroites de la ville, le klaxon bien enfoncé, évitant de justesse vaches sacrées et vendeurs de pains chapatis. Je peine à tenir mon équilibre sur ce siège aussi lisse que les fesses d’un babouin. Ma fusée bringuebalante frôle maintenant des bûchers aux coins des rues dans lesquels des pétards éclatent à tout rompre. Diable, que se passe-t-il?

À peine remis de cette promenade de manège improvisée, j’entre, encore étourdi, dans le vestibule de mon hôtel où le réceptionniste me lance une poudre rosée au visage et une phrase en hindi : « Bura na mano, Holî hai! » (Ne soyez pas fâché, c’est la Holi!). La Holi? Avec toutes ces péripéties, j’avais complètement oublié que le pays marquait aujourd’hui le début de cette fête annuelle des couleurs qui s’étend sur quelques jours et qui constitue à la fois un sacre du printemps et une célébration de la fertilité. Voilà ce qui explique ces flammes et feux d’artifice!

À VOIR ÉGALEMENT : Caris, samossas et plus… toutes recettes de cuisine indienne

Pour s’excuser de m’avoir transformé en mascotte de magasin de peinture, mon hôte m’invite à partager le repas du lendemain soir à sa maison. Le seul hic : il demeure à l’autre bout de la ville. Je sais donc que je devrai affronter des tornades multicolores tout au long du trajet, car, pour la Holi, les locaux circulent avec des pigments de couleurs qu’ils se jettent à qui mieux mieux, les étrangers étant des cibles de choix.

Au petit matin, conscient de ce qui m’attend à l’extérieur de mon gîte, j’enfile mes plus laids habits. Dès le pied mis dehors, je suis bombardé de toutes parts, de devant, de derrière, même des fenêtres et des toits. En moins de deux, j’ai l’air d’un arc-en-ciel ambulant! Je réussis tout de même à atteindre mon but. Je cogne timidement à la porte. La femme qui répond sursaute à ma vue, se demandant bien ce qu’un kaléidoscope humain fait sur le pas de sa maison. « Je viens sur invitation de Manish », lui dis-je, entre deux toussotements de poudre verte.

Après avoir traversé d’innombrables portes voutées le long d’un corridor aux murs dégarnis, j’arrive dans une grande pièce. Plusieurs convives – la famille et les amis –, petits et grands, chiquement vêtus d’habits traditionnels et de saris étincelants, y sont réunis autour d’une table remplie de mets préparés spécialement pour l’occasion. Les plats sont, tout comme la fête, colorés et dégagent des odeurs enivrantes.

Les gujiyas, genre de petits chaussons fourrés de noix, de dattes et de raisins secs, me font déjà saliver, mais ce n’est rien en comparaison aux gulab jamuns…

Un festin végétarien

Mon ami me décrit le menu : un dal du Gujarat, sorte de soupe aigre-douce aux lentilles, citronnée et parfumée d’herbes, accompagné de kesar chawal, un riz doré au safran garni de raisins moelleux et de noix croquantes, le tout servi avec un puran poli, un pain plat à base de pâte de pois jaunes. Cet alléchant festin fait honneur au végétarisme. Rien de surprenant, car l’Inde compte le plus grand pourcentage de végétariens dans le monde. En effet, bon nombre d’adeptes de l’hindouisme suivent à la lettre l’ahiṃsā qui prône la non-violence et le respect de la vie sous toutes ses formes.

À CUISINER : Kesar Chawal (riz au safran et aux noix)

Mon regard est ensuite vite attiré par les pâtisseries faisant office de desserts. Les gujiyas, genre de petits chaussons fourrés de noix, de dattes et de raisins secs, me font déjà saliver, mais ce n’est rien en comparaison aux gulab jamuns, ces boules de pâtes baignant dans un délicieux sirop à la cardamome. Ne reste plus qu’à prendre mon courage à deux mains pour goûter au fameux thandaï, un mélange de lait, d’amandes et d’épices, auquel on ajoute, spécialement pour la Holi, quelques gouttes de bhang, soit un dérivé de… cannabis! N’en fallait pas plus pour voir mille et une nouvelles couleurs…

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